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Cécile Duflot ou la communication de rupture

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Cécile Duflot, c’est l’une des personnalités du gouvernement Ayrault. Personnalité virevoltante qui ne laisse pas indifférent. Soit on l’adore, soit on la déteste. Les avis sont très souvent tranchés. D’ailleurs M, le Magazine du Monde titrait, vendredi 8 mars, « Cécile Duflot : pourquoi est-elle si agaçante »?

De fait, si Duflot agace et ne laisse pas indifférente, c’est parce qu’elle a construit tout son storytelling personnel autour de l’idée de communication en rupture. Du coup, elle n’est jamais vraiment là où on l’attend. Cela témoigne d’une grande habilité de communicante. Le tout couplé avec une intransigeance intellectuelle terrible. Pourquoi et comment Duflot a -t-elle décidé de construire ce personnage ?

La rupture et la communication de rupture sont de fait dans l’ADN de Cécile Duflot. A 31ans, elle est élue secrétaire nationale des Verts. Pour y parvenir, elle a dû se construire dans ce parti où pour être entendu à côté des Cohn-Bendit, des Mamère, des Voynet, il faut se faire remarquer. Et en communication, pour se faire remarquer rien de tel que de se démarquer. D’être disruptif. C’est ce qu’a fait Cécile Duflot. Cette communication frâiche, décontractée et appuyée sur une rigueur sur le fond a permis à Duflot de rester six ans à la tête des Verts, puis d’Europe-Ecologie.

Par ailleurs, Cécile Duflot fut l’une des premières femmes poltiques à comprendre comment Twitter pouvait lui servir dans la construction de son personnage politique. Cela l’a cataloguée en élue moderne au fait des nouvelles technologies et assez proches des gens. C’est habilement joué et cela rapporte un véritable capital politique auprès des twittos – electeurs.
Autre avantage : cette communication décontractée et en rupture est un moyen de faire passer une fermeté politique très forte sur le fond… On se souvient des négociations avec le PS sur les circonscriptions aux législatives, elle a été intraitable. De même depuis qu’elle est ministre avec la loi sur le Logement. Elle n’a pas varié de ce à quoi elle voulait arriver et ce même avec la censure du Conseil Constitutionnel et les attaques de l’opposition.

Cécile Duflot, c’est aussi un look décontracté (Jeans, robes à fleurs). Ce look est le symbole visible de sa communication en rupture. Lorsqu’elle arrive en jeans au premier conseil des ministres du gouvernement Ayrault, cela signifie quelquechose (« je ne veux pas rentrer dans le rang »). Mieux, cela lui permet d’être invitée dans les médias pour commenter « sa bourde », mais aussi pour faire passer son message. C’est un coup réussi.

La question qui affleure malgré tout est celle qui est de savoir si cette communication en tant que ministre est risquée ?
De fait, depuis qu’elle est ministre Duflot a un peu évolué. Au départ, elle avait choisi par exemple d’aller contre la consigne gouvernementale du mois de juin qui interdisait aux ministres de twitter. Elle continuait même des tweets perso ( cf la photo de chili con carne le jour de l’abstention de Verts sur le TCE ) … Cela a évolué. Désormais, elle twitte gouvernement. Comme si dans une analogie avec Hollande pour qui il est difficile d’être président et normal, il est difficile pour Duflot d’être ministre normale et de tweeter normalement.
Toutefois, elle doit en tant que ministre verte forcément se faire entendre grâce à une communication de rupture. Elle y parvient d’ailleurs. Sa sortie sur le Cannabis en est un excellent exemple. Elle permet de faire entendre la petite musique Duflot… Mais attention rupture veut aussi dire corde raide : on n’est jamais loin de l’accident. Souvenons-nous de Rama Yade et de NKM qui ont elles aussi ont joué là-dessus. Avec des fortunes diverses. Yade a disparu des radars, quand NKM a réussi. C’est une stratégie compliquée. Quoi qu’il en soit, la stratégie Duflot est aux antipodes de la stratégie adoptée par l’autre ministre vert du gouvernement Pascal Canfin, ou de celle de Dominique Voynet à l’époque du gouvernement Jospin.

Il y a malgré tout deux bémols dans cette Duflot communicante. D’abord depuis qu’elle est au gouvernement, elle fait grogner les verts qui attendent des mesures sur l’environnement. Qu’a-t-elle dit sur Notre-Dame Des Landes ? Rien. Pareil sur les gaz de schistes, on ne l’entend pas trop. La communication de rupture n’est pas toujours de mise et elle prend le risque de brouiller son offre politique de base qui est l’écologie. Enfin, il y aussi les Guignols de l’info qui la dépeignent comme « ado ». C’est le problème de celui qui joue la rupture ou la rebellitude. On a toujours l’impression qu’il / elle est naif. Duflot dit « essayer » de trouver ça drôle. Les électeurs, eux, pourraient peut-être ne plus la prendre au sérieux…

C’est d’ailleurs tous ces sujets, parmi d’autres que l’auteur de ces lignes a abordé dans l’émission Com en Politique de Thomas Hervé sur LCP-AN. Au menu un reportage en coulisses avec Duflot, un entretien de David Medioni avec Thomas Hervé, mais aussi une passionnante analyse sur la communication de guerre. Visionnez là.


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